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c3v Maison citoyenne - JOIGNY - YONNE

Et pendant ce temps là à Fukushima... La catastrophe, suite - Mafia et Travail au noir près du site !!!

17 Août 2014, 05:59am

Publié par c3v maison citoyenne

La catastrophe nucléaire survenue à la centrale de Fukushima Daiichi au Japon le 11 mars 2011 ne fait plus vraiment recette dans les médias. Cependant sur place cet événement est loin de faire partie du passé. En ce mois d’août 2014, l’ONG Greenpeace dans un communiqué intitulé « À Fukushima, le pire reste à venir » revient sur la situation du site et sur la stratégie de la société TEPCO en charge de l’exploitation de la centrale.

Ce n’est plus une surprise mais TEPCO ne rime pas avec transparence et la société fournit des informations partielles, tardives et lorsqu’elle se trouve acculée par des faits. Ainsi, d’après Greenpeace, c’est le 23 juillet 2014 que l’on a appris que le 19 août 2013, 280 milliards de becquerels de césium 134/137 avaient été rejetés du site par heure, contre 10 millions de becquerels/h habituellement, et ce durant quatre heures. C’est suite à une pollution radioactive dans des rizières, constatée par le ministère de l’agriculture, que TEPCO a dû fournir cette information. Les rizières concernées se situent à environ 20 Km au nord de la centrale et le riz présentait une contamination en césium de plus de 100 becquerels par kilogramme.

De même, TEPCO a dû reconnaître devant l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire qu’elle avait mis en place des réservoirs d’occasion pour récupérer l’eau radioactive. Ces réservoirs sont d’un modèle identique à celui qui est connu pour avoir des problèmes d’étanchéité au niveau des joints.

Enfin, le 6 août 2014, TEPCO a informé que l’état de fusion du réacteur numéro 3 était pire que prévu. Alors que jusqu’à présent la société communiquait sur une fusion partielle de 60 % ce sont maintenant 100 % qui devraient être pris en compte.

Selon Greenpeace, dans l’état actuel des connaissances techniques, il est impossible de retirer le combustible des réacteurs et TEPCO prépare l’opinion publique japonaise au fait de devoir couvrir les réacteurs par des « sarcophages » en béton à la façon de Tchernobyl.

Dans le même temps, des scientifiques du CNRS et du CEA, en collaboration avec l’université japonaise de Tsukuba, ont publié les premières mesures de traces de plutonium dans les sédiments charriés par les rivières côtières aux alentours de Fukushima. Les résultats démontrent que le plutonium a été déjà transporté sur des distances de 45 Km.

Il est à noter qu’actuellement les 48 réacteurs nucléaires du Japon sont à l’arrêt suite à la catastrophe de 2011. Et, malgré une majorité de la population défavorable à une quelconque remise en route, le gouvernement met en place toutes les procédures administratives pour relancer deux réacteurs âgés d’une trentaine d’années.

Trois ans après l’accident nucléaire, le chantier de décontamination emploie des ouvriers souvent recrutés illégalement, qui travaillent pour un salaire de misère, ignorant tout des risques.

Marie Linton, À Sendai et Fukushima (japon).

 
A Naraha, à une quinzaine de kilomètres de la centrale nucléaire de Fukushima, des ouvriers décontaminent la zone interdite avec une protection très sommaire. Un dosimètre mesure la radioactivité, près de cinquante fois supérieure à la normale.
A Naraha, à une quinzaine de kilomètres de la centrale nucléaire de Fukushima, des ouvriers décontaminent la zone interdite avec une protection très sommaire. Un dosimètre mesure la radioactivité, près de cinquante fois supérieure à la normale. Guillaume Bression

Des barres chocolatées, des chaufferettes et quelques cigarettes. A la tombée de la nuit, dans le froid glacial de Sendai, à 100 kilomètres de la centrale nucléaire de Fukushima, le pasteur Aoki, 53 ans, dépose aux pieds de sans-abri endormis de quoi améliorer leur quotidien.

Couché sous un porche à côté de deux compagnons d’infortune, l’un d’eux se réveille et offre un large sourire à son ange gardien.

Les cheveux en bataille sous un pull à capuche, Yuki Haginaka, 26 ans, vit dans la rue après avoir rompu avec sa famille.

A Sendai, le?pasteur Aoki (à g.) alerte les?SDF, dont Yuki Haginaka, massivement recrutés pour décontaminer les zones irradiées. – Guillaume BressionComme certains des 200 SDF de cette ville d’un million d’habitants, le jeune homme a participé pendant trois mois au chantier de décontamination de la préfecture de Fukushima, lancé quelques mois après la catastrophe nucléaire de mars 2011.

« Je devais ratisser la couche supérieure du sol avec une sorte de râteau, se souvient Yuki en sortant de ses couvertures. C’était à 60 kilomètres de la centrale nucléaire. Le pire, ce n’était pas la radioactivité, mais la chaleur et le côté rébarbatif du travail. »

L’air soudain grave, le pasteur Aoki se lance dans un sermon maintes fois répété : « Tu ne dois jamais retourner travailler à Fukushima, c’est compris ? Tu es trop jeune, c’est dangereux pour toi. »

Membre de l’ONG Sendai Yomawari Group, le pasteur fait tout pour décourager les SDF de participer au grand nettoyage.

Début janvier, il a même invité un professeur de chimie nucléaire dans les locaux de l’association pour expliquer les dangers de la radioactivité.

Payés moins de 40 euros par jour

« Tout le monde se fait de l’argent sur leur dos, poursuit le religieux. Comme ils n’ont ni adresse ni compte en banque, ils ne peuvent compter que sur des recruteurs illégaux pour trouver du travail. Et bien sûr, ils se font arnaquer. »

Ancien yakuza (le nom donné aux mafieux japonais), le jeune Yuki a été repéré en janvier 2013 par un membre de son ancien gang pour rejoindre une petite entreprise de décontamination.

Pendant ses trois mois de contrat, il était payé au salaire minimum – moins de 40 euros par jour – pour cette tâche potentiellement dangereuse, mais il ne s’en plaint pas.

Ci-dessus et ci-contre, baraquement servant à loger des travailleurs situé à l’intérieur de la zone interdite, où personne n’est censé habiter. – Guillaume Bression« J’ai eu de la chance, assure-t-il, sans aucune ironie. Certains ouvriers gagnent moins que ça parce que leur recruteur prend une commission. »

Autour de la centrale nucléaire accidentée, la plus vaste opération de décontamination en radioactivité de l’histoire réclame une imposante main-d’œuvre.

Quelque 10 000 personnes par exemple sont mobilisées pour nettoyer environ 1 000 kilomètres carrés, soit dix fois la superficie de Paris, dans la préfecture de Fukushima. Coût de l’opération : plus de 25 milliards d’euros alloués par le gouvernement nippon.

La mafia impliquée

Mais l’argent du contribuable ne finance pas seulement ces chantiers. Il alimente aussi toutes sortes de pratiques douteuses dans les 700 entreprises en construction qui participent aux opérations.

 – ASK MediaLes yakuzas sont ainsi largement impliqués dans le recrutement des travailleurs, y compris ceux qui opèrent à la centrale nucléaire de Fukushima.

Des affaires sortent parfois dans la presse. Le dernier scandale en date remonte à octobre dernier.

Les policiers ont photographié un recruteur qui repérait des sans-abri à la gare de Sendai pour le compte d’un mafieux qui les confiait ensuite à différentes entreprises de décontamination.

Basé en lointaine banlieue de la ville, le patron de l’une des sociétés impliquées, condamné fin novembre à 7 200 euros d’amende pour « recrutement illégal», a accepté de nous rencontrer.

« On n’a vraiment pas eu de chance de se faire attraper, soupire avec désinvolture Toshiyaki Nagata, le PDG de Shinei Clean. Toutes les entreprises font ça. Si les autorités régulaient le système de recrutement, il n’y aurait pas assez d’hommes pour travailler à Fukushima. »

« Si on s’enfuit, ils nous retrouveront… »

Les travailleurs sont recrutés par le biais d’une cascade d’entreprises sous-traitantes qui, chacune, prennent leur commission.

Certaines n’hésitent pas à détourner la « prime de risque » de 70 euros par jour accordée par le gouvernement aux ouvriers qui travaillent à moins de 20 kilomètres de la centrale de Fukushima.

Symbole de la complexité du chantier de décontamination, ces sacs de terre, que?des travailleurs ont stockés au péril de leur vie dans le village de Kawauchi, à?25?km?de la centrale, son hautement radioactifs, et devront être pris en charge. – Guillaume Bression« On nous a fait signer un papier attestant que nous avions touché 110 euros par jour (salaire minimum et prime de risque, NDLR) alors que nous ne sommes payés que 70 euros, assurent deux ouvriers qui préfèrent rester anonymes. J’imagine que c’est mon patron qui empoche la différence. Un jour qu’il avait bu, il m’a avoué gagner 30 millions d’euros par an grâce à la décontamination… »

Assis dans un restaurant japonais, les deux hommes disent travailler six jours sur sept et avoir subi des menaces de la part de leur chef. Du type : « Je te tue la prochaine fois que tu arrives en retard ! »

Après plus d’un an de ce calvaire, ils donneraient tout pour quitter l’entreprise, mais ils craignent des représailles. « Si on s’enfuit, ils nous retrouveront », lâchent-ils, effrayés.

Logement et repas payés par les ouvriers

Venus de tout le Japon, les milliers d’ouvriers employés sont logés dans des auberges traditionnelles nippones ou dans des baraquements, moyennant un prélèvement sur leur salaire : de l’ordre de 8 euros par jour pour la chambre et 10 euros pour les repas.

Tsuyoshi Kaneko, lui, n’a pas voulu s’entasser dans l’un de ces dortoirs. Venu d’Hokkaido, au nord du pays, il a préféré dormir dans sa voiture durant les trois mois où il travaillait à la décontamination.

Tsuyoshi Kaneko, 55 ans, était chargé de couper les herbes contaminées. – Guillaume Bression« Mon recruteur illégal, un vendeur de voitures, prélevait plus de 20 euros par jour sur mon salaire, calcule-t-il. Mais je gagnais quand même plus que ceux qui étaient logés par l’entreprise. »

Cet homme de 55 ans au visage marqué vit aujourd’hui à Iwaki, à 70 kilomètres au sud de Fukushima. Sur le chantier, il était chargé de couper les herbes contaminées sur le flanc de la colline de Naraha, à l’intérieur de la zone interdite, à une quinzaine de kilomètres du site nucléaire endommagé.

A la même distance de cette centrale, sur la côte Pacifique, se dresse un impressionnant lotissement de préfabriqués où des ouvriers dorment à deux par chambre.

Après leur longue journée de travail, les travailleurs déambulent dans les coursives vers les bains collectifs ou vers les cuisines.

Pourtant, aucun homme n’est censé habiter si près de la centrale, la zone ayant été entièrement évacuée depuis les premiers jours de la catastrophe.

Un chantier titanesque

Après l’accident nucléaire de Fukushima, le gouvernement nippon s’est engagé à décontaminer les sites où la radioactivité dépasse 1 millisievert par an (1mSv/an, la radioactivité naturelle), soit quelque 13 000 kilomètres carrés (presque la superficie de l’Ile-de-France).

 

Cette zone de décontamination comprend la « zone interdite » autour de la centrale de Fukushima (d’où 80 000 personnes ont été évacuées), mais aussi des régions plus éloignées où chaque commune décide de son propre plan.

Racler la couche supérieure des champs et des cours de récréation, couper les herbes et les branches du bord des routes, asperger d’eau pressurisée les toitures… Même si ces opérations font baisser le niveau de radioactivité, les difficultés sont multiples, notamment pour trouver les lieux de stockage des déchets radioactifs (feuilles, terre…).

Résultat : les travaux ne seront pas terminés en avril 2014 comme prévu dans plusieurs villes de la « zone interdite ».

Par ailleurs, les autorités ont dû renoncer à décontaminer les forêts de la préfecture de Fukushima, même s’il arrive que l’eau de pluie ruisselle de ces forêts et contamine les régions en aval.

Et, dans l’immédiat, aucun plan n’est prévu pour la décontamination des villes les plus touchées par la radioactivité (plus de 50 mSv/an).

déchets radioactifs

déchets radioactifs

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