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c3v Maison citoyenne - JOIGNY - YONNE

NEGAWATT : UN SERIEUX AVENIR ... SANS NUCLEAIRE...

, 11:11am

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L’association négaWatt a présenté vendredi 20 janvier 2012 à Paris son manifeste. Dans ce livre, elle défend la vision d’une société moins énergivore pour préserver les générations futures. Elle place les collectivités territoriales au cœur du dispositif. Et invite les candidats aux prochaines élections présidentielle et législatives à s’inspirer de ses propositions.
L’exercice se veut « pédagogique », explique d’emblée le président de négaWatt, Thierry Salomon. Il s’adresse à tous, des citoyens aux décideurs politiques en passant par les acteurs économiques, notamment ceux de l’énergie. Autre précision, ce Manifeste négaWatt ne prône pas, « comme on l’entend parfois de façon caricaturale, un retour en arrière vers une époque où l’on s’éclairait à la bougie. C’est même tout l’inverse ! » Il propose de vivre mieux en consommant moins.
Trancher entre l’essentiel et le futile - Cet ouvrage de 370 pages propose de « construire un avenir énergétique à la fois possible et désirable ». Il appelle à « s’interroger sur ses besoins, leur importance réelle, à les hiérarchiser ». Certains sont « vitaux » ou « essentiels », d’autres « futiles », « extravagants » voire « inacceptables ».
Le conseil vise le particulier mais aussi la collectivité. Ainsi, écrivent les auteurs, « est-il raisonnable d’éclairer toute la nuit comme en plein jour des espaces publics où personne ne passe ? » Ou de « créer des équipements publics inutilement prestigieux, sans souci des charges de fonctionnement »…
Un potentiel exceptionnel d’énergies renouvelables - Le manifeste vante les actions en matière d’efficacité énergétique, notamment dans le bâtiment. Elles sont à la fois sources d’économies d’énergie et de créations d’emplois. Il plaide pour « un abandon progressif du nucléaire, entre 2030 et 2035 ». Et un développement massif des énergies renouvelables.
« Ensoleillée du nord au sud, balayée par trois grands régimes de vent, disposant d’un sous-sol riche en géothermie et couverte de la plus grande surface de forêt d’Europe, la France dispose d’un atout exceptionnel » pour développer toutes les filières de production, assure-t-il. Eolien terrestre et offshore, solaire thermique et photovoltaïque, biomasse, bois, énergies marines, etc.

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L’indépendance énergétique à portée de main - Outre l’activité économique qu’il générerait, un tel mix, encore appelé « bouquet », assurerait une quasi totale indépendance énergétique à la France, à 97%, alors qu’elle est aujourd’hui de l’ordre de 15%, affirme négaWatt, en rappelant que l’uranium utilisé par l’industrie nucléaire est entièrement importé – principalement du Kazakhstan, du Canada et du Niger. Alors « qu’on nous fait croire que la France est indépendante pour son énergie à 50%, et que c’est grâce au nucléaire. Cherchez l’erreur », s’insurgent les rédacteurs.
Une montée en puissance des collectivités territoriales - Pour réaliser son programme de nouvelle société, négaWatt parie sur une montée en puissance des collectivités locales qui, « proches des citoyens et ancrées au cœur des territoires, sont le plus à même d’identifier les actions à organiser et les moyens à mettre en œuvre pour y parvenir ».
Le livre évoque l’Ordonnance solaire de Barcelone décidée par la municipalité pour imposer l’énergie solaire dans la production d’eau chaude sanitaire. Reprise par d’autres villes et régions, l’idée s’est finalement généralisée à toute l’Espagne : « un exemple réussi d’une initiative venue d’en bas qui est remontée jusqu’en haut ! »
Haro sur le Corps des Mines - Mais envisager une telle « gouvernance territoriale » suppose de « rompre avec la tradition centralisatrice de l’Etat français qui, en gagnant peu à peu le pouvoir économique et politique, ne pouvait que faire son miel » d’une vision centralisée de la production d’électricité.
L’occasion pour les auteurs de s’attaquer au Corps des Mines, « cette crème des ingénieurs qui, en s’installant durablement à proximité immédiate des manettes du pouvoir dans la haute administration, les cabinets ministériels et à la direction des grandes entreprises publiques ou privées, hors de tout débat démocratique, a profondément imprimé sa marque sur le paysage énergétique de la France et s’en considère toujours le gardien »…
La mainmise de l’Etat sur les politiques locales - A ce modèle jacobin, négaWatt préfère celui du Grenelle des l’environnement, qui avait « suscité beaucoup d’espoirs ». Mais se transforma en un « amer constat de quatre mois d’une relative audace dénaturés par quatre années d’enlisement d’un grand nombre de mesures ».
« Cette expérience inédite en France » aurait pu marquer « une nouvelle étape de décentralisation dans les domaines de l’énergie et du climat ». Au lieu de quoi « elle a entériné une nouvelle fois la mainmise de l’Etat sur les politiques locales » en « manquant d’ambition dans sa traduction ».
A chaque échelon sa mission - Le Manifeste négaWatt propose la réhabilitation d’un « service public local de l’énergie » et affecte à chaque niveau institutionnel une mission, par exemple :

aux communes, « échelon de base de la démocratie à la française », les actions d’information et de sensibilisation de la population ;
aux intercommunalités, « échelon idéal pour élargir la vision au niveau des bassins de vie et pour mutualiser des compétences », les actions en matière d’urbanisme, de construction-rénovation ou d’approvisionnement énergétique ;
aux départements la lutte contre la précarité énergétique ;
aux régions le rôle de lien entre les objectifs nationaux et les programmes mis en œuvre localement.

Une contribution au débat pré-électoral - Quatre mois après avoir présenté son scénario avec une approche plutôt destinée aux spécialistes et en tout cas initiés, de l’énergie notamment, l’association négaWatt s’invite dans le débat pré-électoral avec ce manifeste. Il est préfacé par l’ancien diplomate Stéphane Hessel, auteur du best-seller « Indignez-vous ! »… et soutien du candidat socialiste François Hollande à l’élection présidentielle. Le représentant d’un parti aux options en matière d’énergie encore loin d’être partagées par les auteurs de l’ouvrage.